Mgr Aillet, évêque de Bayonne, mai 2009
Alors que les Etats Généraux de la bioéthique se déroulent et que les
Français sont entrés dans une phase active de réflexion destinée
précisément à dépassionner le débat, la presse se fait l'écho d'un avis
du Conseil d'Etat autorisant les recherches sur l'embryon. Si l'une des
plus hautes instances de la République se prononce avant même que les
Etats Généraux annoncés par le Gouvernement soient conclus, n'y a-t-il
pas risque de brouiller le débat démocratique ? En outre, la question de
fond demeure : n'avons-nous pas tous été des embryons ? Si la dignité
d'une personne se réduit à sa taille ou à son état de développement, les
personnes qui ne correspondraient pas aux modèles en vogue auraient des
raisons de s'inquiéter.
Et celles qui ont échappé au « tri sélectif »
devraient-elles s'excuser d'exister ? Nous savons tous, et les
scientifiques en premier lieu, que les cellules issues du cordon
ombilical comportent d'immenses potentialités thérapeutiques,
comparables à celles de l'embryon. Les cellules souches adultes sont
aussi très prometteuses. Dans ces deux cas, la recherche ne soulève
aucun problème éthique. En revanche, la recherche sur les cellules
souches embryonnaires, dont les perspectives sont très hypothétiques,
s'avère quant à elle gravement immorale car elle nécessite la
destruction d'embryons. Comment ne pas distinguer derrière cet
acharnement sur l'embryon une violence faite contre tout être humain et
en définitive contre Dieu.
La tentation pour l'homme de s'ériger en
maître de la vie de ses semblables, conduit le monde sur les voies d'une
barbarie sans nom dont l'Histoire contemporaine porte encore les
stigmates. Aussi, en s'invitant aux Etats Généraux de la Bioéthique,
l'Eglise n'accomplit pas seulement son devoir citoyen, mais encore sa
mission prophétique qui consiste à rappeler la dignité de toute personne
humaine depuis sa conception jusqu'à sa mort naturelle.
La promotion du
« principe de dignité » est le seul moyen de garantir l'égalité au sein
de la société en protégeant d'abord les plus faibles et les plus
vulnérables.
L'objectif premier de la loi n'est-il pas de favoriser
l'amitié sociale entre tous, sans discrimination entre vie et vie ?
Une
loi qui ne favoriserait pas cette amitié est plus une violence qu'une
loi. Nous avons tous été des embryons, aussi, « tout ce que vous voulez
que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux.
(Matthieu 7, 12).